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Être femme, rester féminine sans crainte – témoignage de Raphaële, 28 ans

– Bonjour Raphaële, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, alors je m’appelle Raphaële, j’ai 28 ans, je travaille dans le web et je suis Animatrice Amazon Training depuis quelques années déjà.  

– Depuis combien de temps es-tu à l’ADAC ?

J’avais 15-16 ans quand j’ai commencé l’ADAC donc ça va faire un petit bout de temps maintenant ! Mais j’y suis réellement, c’est à dire dans le but de m’investir et de progresser, depuis environ 7 ans. Avant j’y étais surtout parce que l’ambiance était sympa (et elle l’est toujours autant d’ailleurs !).  

– Quelle est ta mission au sein de l’ADAC ?

Ma mission, si on peut appeler cela comme ça, est de transmettre le plus fidèlement ce qui m’a été appris par Eric, en enrichissant le tout de mes expériences.  

– As-tu déjà été agressée ? Quelle a été ta réaction ?

Non je n’ai jamais été agressée. J’ai quelques fois perçu des climats de tension mais j’ai toujours fait en sorte de partir ou d’esquiver dès que je me sentais mal à l’aise.

– As-tu quelques conseils pour adopter une attitude « safe » ?

Le premier conseil que j’aurais à donner est de se donner la possibilité d’être safe et de s’écouter. J’ai par exemple travaillé Boulevard Ney chez une grande marque de vêtements. Le cadre était donné d’avance : métro Porte de la Chapelle en hiver, saison où, comme tout le monde sait, il fait nuit avant 18h. Alors que toutes mes amies m’avaient conseillée de m’habiller en tailleur, j’y suis allée en pantalon droit, pull et BASKETS. Non pas que je ne sache pas marcher sur talons, loin de là, mais parce que l’environnement ne m’inspirait pas confiance. Devoir s’adapter sur un chemin habituel est difficile mais possible, par contre dans un endroit qu’on ne connaît pas, pour une myope comme moi qui plus est, ça peut être dangereux, ce que j’ai refusé les premiers jours et pour toute la suite de ma mission par ailleurs. Être safe c’est se sentir safe.  

– Quel est pour toi le « kit de la parfaite amazone » ? 

Une bonne dose de détermination – j’irai où je veux, quand je veux et comme je veux du moment où je suis déterminée -, et un regard parlant (de concert avec son corps). La détermination d’une personne doit se lire sur elle. C’est cette même détermination qui fait peur dans les yeux d’un agresseur.
Et je rajouterai un objet qui nous mette en confiance : si je reprends mon exemple de la question précédente où j’ai expliqué être restée en baskets parce que je ne le sentais pas, j’ai même ajouté à ma tenue détermination / yeux pas contents (du tout) / baskets, un stylo dans ma main droite qui tenait aussi mon sac sur mon épaule. Le stylo pointé vers l’extérieur ET l’attitude que j’avais, laissaient supposer qu’au moindre problème, je planterais ce vulgaire bout de plastique. En plus de finir de poser ma détermination, ce stylo a réellement été vécu comme une arme puisque j’ai vu de mes propres yeux des personnes s’écarter en arrivant à moins de 2 mètres de moi.  

– Quelles sont les meilleures armes du quotidien pour se défendre ?

Mes armes préférées sont la ceinture, arme redoutablement efficace (encore faut-il avoir le temps de l’enlever), le stylo (à tester avant car les trois quarts des stylos standards cassent facilement), les clefs à tenir d’une certaine façon ou encore le magazine tenu roulé à la main. En règle générale, on peut même se débrouiller pour en avoir toujours deux de cette liste sur soi. Le tout est de savoir s’en servir et d’avoir réellement testé avec SES clefs, SA ceinture et SON stylo.

– Quelles sont tes astuces pour s’en sortir ?

La première la plus basique est la fuite. La seconde, pour moi, est la négociation quitte à « faire sa blonde » ou donner ce que la personne cherche si c’est matériel. Enfin, la dernière si la situation d’agression a déjà commencé, c’est de transformer sa peur en rage. Les femmes savent très bien le faire quand il s’agit de leurs enfants mais elles le font rarement quand il s’agit d’elles-mêmes, mais c’est une erreur, sans elles l’enfant n’est rien.

– Et pour se sortir d’un dragueur trop lourd, par exemple ?

La seule et unique chose est le NON. NON POINT FINAL. NON C’EST NON. Le non doit être non négociable et une fois de plus le corps et le regard doivent suivre la voix. Fouiller dans ses poches quand on dit à un mendiant que l’on a pas d’argent n’est pas logique et ne suit pas le « non je n’ai rien » puisque l’on vérifie en même temps. De même quelqu’un avec qui l’on ne veut pas danser en boîte doit être gentiment mais fermement repoussé. Ne doivent rentrer dans notre distance « intime » que les personnes qu’on accepte.

Merci Raphaële !